Récemment, un étudiant s’étonnait à la vue de la ligature présente sur cette devanture paloise. N’y avait-il pas là une faute ? Ne risquait-on pas de lire plutôt « coifture » ?
Le double “f” est certes assez osé sous cette forme précise, mais il s’inscrit pourtant dans la plus pure tradition épigraphique. Les mots « coiffure » ou « coiffeur » ont en effet de tout temps constitué l’un des exercices de style favoris des peintres en lettres, comme en témoignent les quelques exemples ci-dessous.
Note : n’oublions pas non plus que l’œil ne lit pas chaque lettre séparément, mais « photographie » à la volée la silhouette globale des mots. À fortiori l’œil des passants distraits que nous sommes a donc toutes les chances de ne jamais rien relever d’inhabituel ici.
Une version des années 60, plutôt échevelée, partie prenante d’un décor complet tout en diagonales et en matières d’époque (à proximité de Vichy).
Deux exemples juxtaposés – mais peu coordonnés – dans les Alpes-Maritimes. Le mot du haut étant en italique, le 2e “f” présente cette fois une petite courbe inférieure facilitant sa reconnaissance. Le mot du bas dans un esprit plus enjoué, assez représentatif du style « Riviera » local.
« Coiffures » n’est cependant pas le seul mot porteur de la ligature “ff” sur les murs de France. À leurs côtés, et sans doute même avant eux, on trouvait déjà de nombreux « défense d’afficher » dans des formes calligraphiques plus classiques mais non moins maîtrisées. Exemple :
Notez ici encore l’emballement des taggeurs devant un aussi bel exemple de lettrage manuel. La vue d’ensemble permet la comparaison avec le “f” normal.