Début Octobre 2007, les nouveaux étudiants ont commencé leur année par un temps fort d’une semaine autour de la typographie, comme le veut la tradition de l’ESAC. Le sujet s’intitulait « Trop de bruit » et consistait à réaliser une série de montages graphiques à base de textes recyclés, avec comme seuls outils des ciseaux, de la colle, et un vieux photocopieur Noir Blanc.
Petit changement toutefois par rapport aux années précédentes : le résultat final devait prendre la forme d’un livret format A6 et non plus d’une simple affiche A2, ce qui corsait l’exercice et ajoutait une dimension séquentielle à l’affaire.
« Trop de bruit », simple constat désabusé, slogan revendicatif ou tentative d’apaisement ? Voici une sélection d’expériences visuelles en réaction à cette formule. Si l’on garde en tête qu’il s’agissait pour la grande majorité des participants d’un tout premier contact avec la mise en page et la lettre, on admettra que le nouveau cru de l’ESAC s’annonce intéressant.
Une variation « à la MASSIN » sur la base d’une savoureuse expression populaire en couverture du livret de Guillaume ARRAZAU.
Essaim typographique illustrant une rumeur, dans un carnet justement titré Vous dites ? (Jessie AUREYRE)
Cartographie subjective. Le brouhaha intense de la circulation et la confusion du trafic dans une ville moderne, avec son quadrillage de rues (Florie DUHAU).
La suite du plan : les flux de piétons se muent peu à peu en flux d’informations semblant échapper à tout contrôle et s’organiser selon les lois de la physique quantique (toujours Florie DUHAU).
(Margot CIROU)
(Haïmen SATI)
Maelström de textes en papier froissé (Olivier DASSANCE).
Dentelle typographique en couverture du livret de Vanessa DUTIL. Le contenu s’organise quand à lui le long d’une ligne (voir ci-dessous).
(Vanessa DUTIL)
Du bruit dans la tête : nuisances sonores intérieures, par Jean-Julien HAZOUMÉ.
La couverture du livret de Jeremy LAGRABE (voir ci-dessous), qui exploite un accident de photocopie annonçant la suite :
Toute la séquence ci-dessus par Jeremy LAGRABE. Spectres sonores à base cette fois de fines colonnes de texte.
Le déclin de la littérature, et l’avènement du « bruit » sonore et visuel, sans doute. « La littérature n’intéresse plus personne » relève d’ailleurs ironiquement Audrey MESPLES au fil de ses pages.
Mélanie RASCH a utilisé la couverture transparente et granuleuse de son agenda pour déformer ses lettres. Un hommage à l’Hépérile éclaté de Jacques VILLEGLÉ ? La dimension politique chère à l’artiste est également présente au travers de textes comme celui ci-dessous, où l’angoisse qui étreint le personnage est efficacement rendu par l’aspect fiévreux et agité du texte.
Message à Mélanie : il y a une bonne idée, là.
Thibault CONAN a tiré parti d’une liste imprimée contenant une grande quantité de « puces » qu’il utilise comme un parasitage graphique.
L’univers typographique mouvementé d’Agathe SAUVAGEOT, qui s’est offert la couleur au passage.
Clémence TOULLELAN s’est emparée des nombreuses grilles offertes par les pages jeux des magazines, pour les destructurer allégrement (déjà !).
Pour finir, last but not least, un extrait forcément arbitraire du véritable petit « film » typographique de Tanguy WERMELINGER.
Voilà, c’est tout pour cette fois. Que les étudiants absents de la sélection me pardonnent : il fallait bien faire un choix. En outre, certains collages se prêtaient mal au transfert sur écran en basse résolution.