Du 5 au 17 mars 2009 se tient au centre Georges Pompidou à Paris la nouvelle édition de Cinema du réel, festival international de films ethnographiques et sociologiques.
À cette occasion le jeune collectif belge OSP ( Open Source Publishing) s’est vu confier la réalisation d’une grande carte géographique des multiples territoires explorés par le festival, à la manière de la célèbre Carte du Tendre imaginée au XVIIe s. Cette carte initialement informative, formant un visage humain, s’adresse à notre intelligence de lecteur par mille détails, allusions, références érudites ou populaires, ajouts poétiques, voire bien souvent caustiques.
Une première version vectorielle a été dessinée sur ordinateur. On la trouve encartée dans le catalogue officiel de l’évènement.
Une seconde version géante a été ensuite réalisée in-situ, sur le sol du niveau inférieur du musée, au moyen de rubans adhésifs et d’autocollants, avec l’aide de graffiteurs parisiens. Cette version géante simplifiée accueille les visiteurs à l’entrée et leur permet d’explorer en détail la géographie des continents du cinéma documentaire actuel, en s’y déplaçant physiquement.
Un exercice qui semble en passe de devenir une tradition à Pompidou, depuis la signalétique adhésive éphémère de Frederic TESCHNER pour l’ exposition « Signes des écoles d’art » en 2003.
Et qu’y découvre-t-on en fait ?
Ce que montre la carte, c’est un paysage de l’imaginaire parcouru de courants, mais également « colonisé », exploité par divers intérêts financiers ou politiques, où la part des terres vierges et autres ressources naturelles tend à se réduire comme peau de chagrin. Et aussi : des zones oubliées, des lieux de résistance, des déserts, des forêts, des failles… comme autant de lieux possibles de la création contemporaine.
Fidèles à la ligne de conduite du collectif, les deux graphistes Ludi et Harrisson ont courageusement travaillé exclusivement avec des logiciels open source ( Inkscape…) et des polices libres de droits.
Pour ce qui est de la typo DIN, imposée par la charte du lieu (signée Ruedi BAUR), ils n’ont pas hésité à dessiner leur propre version de la typographie, en repartant de dessins techniques originaux datant des années trente.
Ils se sont en effet refusés à employer la version commerciale, considérant – à juste titre – que ce caractère, dessiné à la base par un ingénieur allemand anonyme, faisait partie du patrimoine collectif, et méritait d’être accessible à tous.
Plus d’infos sur le projet DIN 4 sur cette page de leur site.
Ci-dessus, capture d’écran de l’interface de Inkscape, une alternative encore en développement aux logiciels commerciaux.